Les tours du silence

Comment l'industrie pharmaceutique peut-elle mettre en danger une religion vieille de trois mille ans ?

La photo présentée ici est un dakhmā, une tour du silence.

Il s'agit d'un bâtiment construit pour accueillir les morts de la religion zoroastre.

Chez les adeptes des préceptes de Zarathoustra, les quatre éléments (eau, terre, air et surtout feu) sont purs et ne doivent pas être souillés par l'impureté de l'Homme.

Les cadavres sont donc déposés par des nasālāsar (des croques-morts que vous voyez sur la photo) à l'air libre pour être dévorés par les vautours qui connaissent le truc et ne s'éloignent jamais trop du buffet.

Une fois qu'il ne reste plus que quelques os, les gars de chez Borniol repassent et poussent ce qui reste dans un puits au milieu de la structure.

Seul souci le Diclofénac, un anti-inflammatoire que vous consommez dans le Voltarene si vous avez une sciatique ou des rhumatismes, a été massivement utilisé pour le bétail du sous-continent indien dans les années 1990.
Or l'Inde possède  une grosse population de parsis, un dérivé du zoroastrisme, qui habitent là depuis que les musulmans les ont mis dehors vers 700 ap. JC.
Le Diclofénac reste dans le cadavre des vaches et autres ovins que consomment les vautours quand y a pénurie de bouffe dans la tour du silence.

Et il est très toxique pour les charognards qui ne possèdent pas les enzymes permettant de casser la molécule et qui du coup meurent d'une insuffisance rénale.

Une étude (en anglais) a ainsi estimé à 95% la chute de population en 2003 et à 99,9% en 2008.

Sans vautours, le rite funéraire zoroastrique marche beaucoup moins bien, forcément.

Les cadavres sont donc laissés à pourrir sur place par l'air, ce qui est contraire aux préceptes.

Et du coup c'est le bordel. Mais rassurez-vous, la population parsis décroit rapidement car ils ne doivent se marier qu'entre eux.

Si vous avez le coeur bien accroché, vous pouvez faire une recherche Google Images sur dakhmā